Otages tués au Niger : la version officielle mise à mal - France Info
Des zones d’ombres subsistent sur l’intervention militaire française contre les ravisseurs de deux Français tués samedi au lendemain de leur enlèvement au Niger et dont les corps ont été rapatriés hier à Paris où a débuté leur autopsie. Le ministère nigérien de l’Intérieur a affirmé hier à l’AFP ne détenir "aucun terroriste" membre présumé d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) impliqué dans l’enlèvement des deux otages français, contrairement à ce qui avait été affirmé par Paris.
Autre élément troublant : depuis le début, la France affirme que les deux otages ont été purement et simplement éliminés par leurs ravisseurs. Seulement voilà, les premiers résultats de l’autopsie des deux corps, dévoilés hier soir par l’AFP (qui cite des sources policières), font planer le doute sur cette version officielle.
Le décryptage ce matin d’Étienne Monin, envoyé spécial de France Info à Niamey. Il répond à Marc Fauvelle.
Marc Fauvelle : Les premiers éléments de l’autopsie indiqueraient que l’un des otages français n’a pas été touché par balle. Est-ce que ce n’est pas la remise en cause de la version officielle ? Étienne Monin, envoyé spécial de France Info à Niamey : Ce qu’avaient dit Alain Juppé et François Fillon c’est que les deux hommes avaient été exécutés par les ravisseurs. C’était lundi et mardi. Position étayée par un porte-parole du ministre de la Défense qui est allé jusqu’à préciser hier que l’un des otages avait été tué d’une balle en pleine tête et l’autre de deux balles dans le dos. Ce que révèle l’autopsie, c’est qu’il y a bel et bien eu tir à bout portant dans le visage d’un des jeunes Français, mais pas de trace apparente de balles sur le corps du deuxième qui à été entièrement brûlé, sans qu’on ne connaisse encore les causes de la mort. Ce qui relance l’hypothèse d’un décès pendant l’assaut provoqué par un incendie après un tir a l’arme lourde dans le réservoir.
Est-ce qu’on sait maintenant ce qui s’est passé après l’enlèvement ?
EM : Ce qu’ont sait de source française c’est que l’opération des forces spéciales se fait en fin de matinée, donc en plein jour. Dans une zone semi-désertique, plus de 100km à l’intérieur du territoire malien, avec des tirs d’hélicoptères, puis des troupes au sol. Les Français visent trois véhicules. Deux d’entre eux seront retrouvés calcinés, le troisième n’a pas brûlé mais, élément surprenant, c’est un véhicule de gendarmes alors que les Français ont très vite dit qu’ils étaient seul sur l’opération.
Hier d’ailleurs le ministre nigérien de l’Intérieur a tenu à faire entendre sa voix pour contredire le gouvernement Français...
EM : C’est l’une des zones d’ombre. Après les tirs, les Français disent avoir trouvé deux corps habillés en gendarmes, et deux blessés qui ont été fait prisonniers et qui on été remis aux autorités nigériennes. Le terme de prisonnier est contesté par les Nigériens. Ils expliquent que ce sont des gendarmes qui leur on été remis, donc on comprend qu’il y a polémique sur le rôle que chacun attribue a ces homes, quatre gendarmes au total, découverts de l’autre coté de la frontière, au contact des terroristes. Cela pourrait être une complicité ou une course poursuite ou un enlèvement, hypothèse avancée par un proche du ministre de l’Intérieur nigérien, mais non confirmée officiellement.