INTERVIEW DE CHRISTIAN LOMBART, CO-DIRECTEUR D’ONG Triangle : "Il faut continuer !"
Par Fabien Fournier pour Lyon Métropole
Co-directeur de l’ONG Triangle, Christian Lombart réagit à la nouvelle de la libération des trois salariés qui étaient otages au Yemen depuis le 28 mai dernier. Il raconte ces 5 mois d’attente. Et dévoile les mesures prises actuellement pour limiter les risques d’enlèvement alors que son organisation travaille dans des zones exposées.
Lyoncapitale.fr : Comment avez-vous appris la libération de vos trois salariés ?
Christian Lombart : Nous l’avons appris par le communiqué de l’Elysée, dans la nuit.
Pouvez-vous nous confirmer qu’ils sont en bonne santé ?
Nous avons peu d’informations. On sait qu’ils vont bien. Sur la vidéo, on voit qu’ils ne sont pas trop amaigris. Ils ont l’air d’avoir bonne mine, autant que l’on puisse avoir bonne mine après avoir été en captivité.
Rentrent-ils à Lyon ce lundi soir ?
Ils ont quitté le sultanat d’Oman donc ils devraient arriver à Paris en milieu d’après-midi. Après, je ne sais pas.
Vous avez exprimé votre surprise à la suite de leur libération plus rapide que prévu. Vous pensiez qu’elle interviendrait plus tard ?
Dès le départ, on sait que ce genre d’affaires peut durer. Depuis la vidéo du 13 septembre, on avait compris qu’ils étaient en vie et que les négociations étaient en cours. Mais le 23 octobre, le communiqué du ministère de la Défense nous informait que les revendications des preneurs d’otages étaient "confuses". On n’avait aucune idée de la durée que cela prendrait avant un accord.
Étiez-vous informé régulièrement de la situation ?
Nous avions un point chaque semaine, avec les familles et des personnes du quai d’Orsay qui travaillent dans l’ombre. La plupart du temps, nous avions peu de nouvelles. Depuis la preuve de vie du 13 septembre, on était confiant. Avant c’était dur : aucune image, aucune revendication.
Que faisaient-ils là-bas ?
Nous sommes présents dans cette région depuis 1998. En 2008, d’importantes inondations ont emporté des terres arables. 130 000 habitants sont touchés. Ces trois ingénieurs étaient sur place pour un programme de réhabilitation de ces terres. A l’intérieur du Yémen, c’est une région particulièrement calme. Ce n’est pas là qu’on attendait ce type d’incidents. Malgré tout, le risque zéro n’existe pas.
Est-ce que cette prise d’otage change votre façon de travailler ?
Nous sommes au Soudan, au Darfour, en République Centrafricaine et au sud Algérien. Tous les jours, un cabinet indépendant qui se rend sur place réévalue nos procédures. Il faut continuer. L’une des mesures à prendre, c’est de limiter le nombre d’occidentaux sur les zones sensibles et d’avoir recours à des des salariés sur place. Il faut aussi réduire les déplacements. Mais on ne va pas non plus se balader avec une escorte armée : c’est insupportable et ce serait le meilleur moyen d’être une cible.