RANCON OTAGES : Le G8 veut interdire les rançons pour les otages à l’étranger La liberté ne doit pas payer les terroristes
Au sommet du G8, en Irlande du Nord, le Premier ministre britannique David Cameron veut un accord global pour interdire le paiement de toute rançon pour la libération d’otages.
La France ne paie pas. C’est la version officielle : l’État ne cesse de réitérer son refus de payer pour la libération de ses otages à l’étranger. Il n’accepterait pas non plus qu’une rançon soit versée indirectement, par la médiation d’un tiers. En avril dernier, cette doctrine a été rappelée alors que circulait l’hypothèse du versement de 5,5 millions d’euros aux islamistes de la secte fondamentaliste Boko-Haram par le groupe GDF-Suez, pour la libération de son employé Tanguy Moulin-Fournier et de sa famille, après deux mois de captivité au Cameroun. 40 millions de dollars
Comme il est d’usage dans ce type d’affaires, les autorités françaises ont communiqué a minima sur les conditions de la libération des sept membres de cette famille. Par le passé, la France (tout comme l’Italie et le Japon), est réputée avoir monnayé la libération de ses otages, les fonds transitant par une chaîne d’intermédiaires. En février dernier, l’ancien ambassadeur américain au Mali a ainsi évoqué le versement de 17 millions d’euros pour la libération d’otages français enlevés au Niger en 2010. Une chose est sûre : les islamistes qui s’étaient emparés de tout le nord du Mali, avant l’intervention française, s’étaient largement financés depuis des années grâce aux enlèvements et aux rançons qu’ils en tiraient. Ces cinq dernières années, 40 millions de dollars (32 millions d’euros) auraient été versés de par le monde lors de différentes transactions concernant les otages.
À l’Élysée, on ne dévie pas de la ligne officielle de non-paiement de rançon. Le jour de la libération des Moulin-Fournier, François Hollande l’a redit avec détermination : « Nous ne changeons pas notre principe, qui est le non-versement par la France de rançon ».
Mardi au sommet du G8, à Lough Erne en Irlande du Nord, le président de la République marquera le même refus. Il se situera sur la même ligne que le Premier ministre britannique, qui a inscrit la question à l’agenda de la réunion. Ce sera le premier sujet à l’ordre du jour des discussions : les dirigeants en débattront à huis clos.
La manière forte
La Grande-Bretagne, tout comme Israël, la Russie et la Chine, refusent de payer pour la libération des victimes d’enlèvements. La Russie et Israël privilégient la manière forte, ce qui n’est pas sans danger pour les otages.
En mars dernier, à l’époque de l’enlèvement de la famille Moulin-Fournier, le groupe terroriste nigérian Ansaru annonçait l’exécution de sept otages : un Britannique, un Italien, deux Libanais, deux Syriens, un Grec, qui travaillaient pour une société de construction.
Pas facile de refuser de payer quand la vie de personnes innocentes est ainsi en jeu. Mais céder aux ravisseurs alimenterait leurs caisses et augmenterait leurs capacités d’enlèvements, et c’est cette spirale que le G8 veut briser. Les proches des otages ont prévu d’organiser des manifestations de soutien le 22 juin à 11 h dans plusieurs villes de France, dont Paris, Aix-en-Provence et Valence.
Nathalie Chifflet - L’Alsace.fr