Otages Philippines : 150 otages échappent aux insurgés
Au lendemain de l’offensive de l’armée philippine menée contre une poignée d’indépendantistes musulmans à Zamboanga, dans le sud du pays, près d’une centaine de morts ont été recensés, selon un décompte provisoire de l’armée, et près de 150 personnes retenues en otage par les rebelles séparatistes du Front moro de libération nationale (MNLF) ont été libérées ou ont réussi à s’échapper. Les rebelles ont essuyé la perte de 86 de leurs membres, tandis que les forces de sécurité ont recensés 9 morts de leur côté. Quatre civils ont par ailleurs été tués dans les combats qui ont mobilisés plus de 3 000 soldats d’élite. Près de 70 000 habitants ont dû fuir et se réfugier dans des abris de fortune.
L’armée a mobilisé 3 000 soldats d’élite pour répondre à l’offensive du Front moro de libération nationale.
Le bilan reste cependant provisoire, car si les forces d’élite ont repris quelque 70 % des zones occupées par les rebelles dans deux villages côtiers proches de Zamboanga, une centaine d’insurgés continuaient d’opposer une vive résistance. Le chef de la police de la ville, Chiquito Malayo, a en outre été capturé dans la matinée. "C’est un fait regrettable qui souligne la précarité de la situation", a reconnu un porte-parole de l’armée, le brigadier général Domingo Tutaan, interrogé par l’AFP.
RÉGION MAJORITAIREMENT MUSULMANE
A l’origine des heurts figure la prise d’assaut, la semaine dernière, de la ville de Zamboanga par plus de 200 militants musulmans du MNLF. Ils ont attaqué la localité au mortier et à l’arme automatique, faisant des dizaines d’otages pour leur servir de boucliers humains. Le MNLF s’estime marginalisé par les négociations en cours entre le gouvernement et les groupes séparatistes, en vue de créer une région autonome - et non indépendante - dans le sud des Philippines, une région majoritairement musulmane dans le plus grand pays catholique d’Asie.
"On peut observer des cycles de violence depuis la signature de l’accord-cadre en octobre 2012 entre le gouvernement philippin et le Front islamique de libération moro [MILF]", souligne François-Xavier Bonnet, chercheur associé à l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine. Depuis cette date, les deux parties discutent des détails de cet accord, qui sont réunis dans quatre annexes (gouvernement de transition, partage des ressources naturelles et taxes, partage du pouvoir politique et dévolution des pouvoirs, démobilisation).
"Lundi 9 septembre, le gouvernement et le MILF entamaient des négociations pour l’annexe 3, lorsque les 300 hommes du MNLF ont attaqué la ville de Zamboanga", indique au Monde le chercheur, ajoutant qu’on peut prévoir "un autre acte violent pour la négociation de la quatrième et dernière annexe sur la démobilisation du MILF et la création d’une police régionale". Par ailleurs, le chef du MNLF, Nur Misuari, n’accepte pas que le gouvernement discute avec le MILF, car il considère le MILF, qui a fait sécession en 1978, comme un "mouvement renégat".