OTAGES CENTRAFRIQUE : un troisième enlèvement en Centrafrique
L’ONU a confirmé le rapt d’une femme travaillant pour la Minusca à Bangui, au lendemain de la disparition de deux humanitaires, dont une Française.
« Des hommes armés ont kidnappé mardi une femme qui travaille pour la Minusca (la mission de maintien de la paix des Nations unies en Centrafrique, ndlr), après avoir arrêté son véhicule », a déclaré ce mardi l’ONU. Un enlèvement qui survient au lendemain de celui d’une humanitaire française travaillant pour une ONG, et de celui d’un Centrafricain. Si la nouvelle otage est vraisemblablement occidentale, sa nationalité n’a pas encore été dévoilée.
Des négociations étaient mardi en cours pour la libération de l’otage française et du religieux centrafricain. Depuis le retour en France de Serge Lazarevic, libéré le 9 décembre 2014 après trois ans de détention par le groupe Al-Qaeda au Maghreb islamique, la France n’avait plus d’otages dans le monde. Le répit aura été de courte durée.
Le Quai d’Orsay a confirmé l’enlèvement de la Française dans la soirée de lundi, précisant que l’otage française, âgée de 67 ans, effectuait une « mission humanitaire en matière de santé et d’éducation ».« La France déplore cet acte contraire au droit humanitaire et appelle les responsables à libérer au plus tôt notre compatriote. Notre ambassade à Bangui est en contact permanent avec l’archevêché dans la capitale centrafricaine, qui a entamé des discussions avec les ravisseurs. »
Selon l’agence de presse locale Anadolu, un religieux centrafricain a également été enlevé. Anadolu rapporte les propos d’un témoin, Elknana Dawatcha : « Nous avons chargé un véhicule avec des tables de consultation et des médicaments afin d’approvisionner les centres de santé en médicaments et matériels médicaux. Arrivés au niveau du quartier Fouh (quartier du 4e arrondissement de Bangui), on est tombé dans une embuscade tendue par les éléments anti-balaka qui nous ont pointés avec leurs armes. Ils m’ont fait descendre du véhicule avant de l’emporter avec tous les matériels médicaux qu’il contient et les deux otages dont la dame française ». L’AFP a ensuite confirmé l’enlèvement de cette deuxième personne. UN CHEF ANTI-BALAKA ARRÊTÉ DIMANCHE Cette série d’enlèvements survient alors qu’un puissant chef des milices anti-balaka, Rodrigue Ngaïbona, surnommé le « général Andjilo », a été arrêté dimanche par la Minusca, la force de l’ONU. Le « général Andjilo » est notamment accusé d’avoir été un des meneurs des miliciens qui ont lancé les massacres de musulmans le 5 décembre 2013 à Bangui.
Les anti-balaka sont des milices principalement chrétiennes qui se sont formées pour lutter contre les rebelles, essentiellement musulmans, de la coalition Séléka qui avait pris le pouvoir en Centrafrique en mars 2013 avant d’en être chassée en janvier 2014. Les deux camps sont accusés d’avoir commis de graves exactions.
Selon l’agence Anadolu, aucune revendication n’a, jusque-là, formellement été formulée. Toutefois, des sources anti-Balaka auraient avancé, sous couvert d’anonymat, que le double enlèvement de lundi préparerait « la négociation pour la libération de Ngaïbona ».
Depuis le renversement du président François Bozizé et la prise du pouvoir en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka, la Centrafrique a sombré dans le chaos. Malgré l’opération Sangaris, lancée par la France il y a treize mois, le pays reste une vaste zone de non-droit, sous la pression des groupes armés.
Laurence DEFRANOUX