OTAGES MALI : Paris évoque "un risque imminent" d’enlèvement au Nord Mali
PARIS - La France craint "un risque imminent" d’enlèvement de ses ressortissants dans le Nord du Mali, a déclaré mercredi la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie une dizaine de jours après l’enlèvement dramatique par Al-Qaïda de deux jeunes Français au Niger.
"Nous voyons, grâce à la collaboration de tous les services, un certain nombre de menaces, notamment dans le Nord Mali", a déclaré la ministre, en présentant ses voeux de nouvelle année à la presse.
"Aujourd’hui, nous appelons et nous avons appelé à l’attention à la fois des organisateurs de voyages mais également des personnes susceptibles d’aller dans cette région sur le véritable risque d’enlèvement qui existe et qui est un risque sérieux et je dirais presque un risque imminent", a-t-elle ajouté.
Le début de l’année est marqué par une saison de festivals culturels dans le Nord du Mali.
La ministre a fait ces déclarations alors que deux Français de 25 ans, Vincent Delory et Antoine De Léocour, ont été tués le 8 janvier au Mali, près de la frontière avec le Niger, après avoir été enlevés la veille dans un restaurant de Niamey.
Leur enlèvement a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui multiplie depuis plus d’un an les rapts de Français au Sahel ouvertement pris pour cible par cette organisation.
Aqmi a affirmé que ses membres avaient exécuté un des deux otages et que l’autre avait été tué au Mali par les frappes aériennes françaises menées contre les ravisseurs.
Les autorités françaises ont affirmé que les deux jeunes hommes avaient été "exécutés" par leurs ravisseurs.
Selon le procureur de Paris, l’autopsie a révélé des impacts de balles sur les deux corps. Antoine de Léocour a été tué d’une balle dans la tête, tirée avec une arme automatique "à bout touchant". "Les causes de la mort sont plus difficiles à établir pour Vincent Delory", dont tout le bas du corps a été carbonisé et qui présente "cinq plaies par armes à feu".
Le lendemain de leur mort, le président français Nicolas Sarkozy a rejeté "le diktat des terroristes" tandis que les autorités ont mis en garde les ressortissants français au Sahel.
Dans un communiqué rapporté le 15 janvier par le service américain de surveillance des sites islamistes SITE, Aqmi a dit avoir agi pour "répondre à la police oppressive de la France envers les musulmans (...) (dont) son ingérence dans les affaires du Sahel et du Maghreb".
Après l’enlèvement en avril 2010 au Niger d’un autre Français, Michel Germaneau, ensuite transféré au Mali, les forces françaises et mauritaniennes avaient mené un raid au cours duquel sept membres d’Aqmi avaient été tués. Aqmi avait ensuite annoncé l’exécution de l’otage et appelé à la vengeance contre la France qualifiant Nicolas Sarkozy d’"ennemi de dieu".
En septembre, Aqmi avait aussi revendiqué l’enlèvement au Niger de cinq Français, ainsi qu’un Togolais et un Malgache, pour la plupart employés des groupes français Areva et Vinci. Ils sont depuis retenus dans le nord-est du Mali.
En octobre, le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, avait prévenu que la France ne connaîtrait la sécurité que si elle se retirait d’Afghanistan et cessait "ses injustices" à l’égard des musulmans, dans un message audio justifiant l’enlèvement de Français au Sahel.
(AFP)