Rassemblement pour les otages au Niger : "Il en est fini du silence" - Aix-en-Provence
Depuis 1010 jours, 4 Français, dont Marc Feret, un Aixois d’origine, sont retenus en otages, en Afrique. Hier, 200 personnes ont crié leur soutien
On avait chaud hier aux Allées provençales, très chaud. On avait soif, aussi, très soif. Et on aurait rêvé d’une chaise, pour écouter les discours mêlés de tristesse et de colère de la soeur et du beau-frère — qui vivent à Velaux — de Marc Feret, né à Aix. Mais ça n’était rien si l’on tente d’imaginer le quotidien qui est imposé depuis bientôt trois ans à ces quatre Français, employés des sociétés Areva et Vinci, enlevés au Niger le 10 septembre 2010, et qui seraient en ce moment entre l’Algérie et la Libye.
Après le choc de l’annonce des rapts, les familles ont fait preuve de discrétion. "Mais lors de la dernière preuve de vie, c’est-à-dire la vidéo diffusée par Aqmi (Al Qaïda au Maghreb), il nous a demandé de faire tout ce qu’on pourrait" expliquait hier, Christine, la soeur de Marc Feret.
Alors depuis, elle, son mari, les autres familles, et moultes associations de soutien ont décidé de se faire entendre. "Il en est fini du silence" hurlait hier devant 200 personnes et des badauds, Frédéric, le beau-frère de Marc. "Nous n’oublions pas que les premiers responsables sont les ravisseurs, nous n’oublions pas non plus les lettres sans réponse, les rendez-vous occultés, les prétextes fallacieux" pestait-il contre un gouvernement qui se fait bien silencieux.
Du coup, la manifestation a, elle, décidé de se faire entendre et voir. Une Marianne, symbole de la liberté, est apparue entourée de quatre silhouettes, symboles elles des quatre existences suspendues actuellement. "Marianne, ça fait 1000 jours que tu les as oubliés, ramène les maintenant !" lançait une organisatrice.
Plusieurs élus d’Aix et Velaux avaient rallié la cause, ainsi que les députés Christian Kert et Jean-David Ciot. "Avec ce genre d’action, on soulève la poussière du désert qui risque de tout recouvrir, assurait le premier, souvent un otage, on ne le connaît, on le voit de loin à la télé, mais là il est de chez nous, et aucun de nous ne pourra se sentir libre tant qu’ils seront emprisonnés par des gens qui s’autorisent à donner un prix à telle ou telle vie..."
Le second député, premier secrétaire du parti socialiste assurait en préambule avoir pris le temps de la réflexion avant d’accepter de participer à cette manifestation — sans doute au vu des déclarations dures adressées par la famille au gouvernement de gauche. "S’ils ne disent pas tout, c’est pour ne pas mettre en danger vos proches, jurait-il, mais je pèserai au maximum pour qu’un minimum de communication avec vous soit entretenue".
Un superbe lâcher de colombes allait ensuite libérer une minute de boucan pour que "le gouvernement et les otages nous entendent, pour que vous passiez du statut de fantômes de la République à celui d’hommes libres, concluait la soeur de Marc Feret, vous vivez et nous vivons l’indicible..."
Romain Capdepon - LA PROVENCE
Publié le dimanche 23 juin 2013