OTAGES SAHEL : Un appel des familles des otages français d’Al-Qaida pour les 100 jours de captivité
Dans la nuit du 15 au 16 septembre, sept personnes, dont un cadre d’Areva et son épouse, tous deux de nationalité française, et cinq employés de Satom (trois Français, un Malgache et un Togolais) avaient été enlevées à leur domicile à Arlit, au Niger, où Areva exploite une mine d’uranium. Le jour de Noël, cela fera précisément cent jours qu’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) les détient, probablement au Mali.
Jeudi, les familles de ces otages, notamment celle de Pierre Legrand, originaire de Couffé en Loire-Atlantique, ont transmis ce texte à Ouest-France pour dire « On ne vous oublie pas ».
Otages français au Mali 100e jour de détention le jour de Noël
Demain, jour de Noël, cela fait 100 jours que 5 Français, un Malgache et un Togolais, sont retenus en otages au Mali par un groupe de terroriste d’Aqmi, Al Qaïda au Maghreb islamique. Ils ont été enlevés dans la nuit du 15 au 16 septembre dernier sur le site d’une mine d’uranium du groupe français Areva à Arlit, dans le nord du Niger. Durant ces trois mois, les familles et les proches de ces victimes ont gardé le silence pour ne pas compromettre la sécurité des otages.
Aux rares informations confirmées, données par l’État, s’ajoutent des rumeurs, invérifiables, qui circulent sur Internet... Difficile de savoir dans quelles conditions ces otages vivent leur captivité. Une chose est sûre : l’attente est insupportable pour les proches. D’autant que cet enlèvement est très peu médiatisé, alors que les jours de captivité (bientôt un an) des deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquières et Stéphane Taponnier, enlevés par les Talibans le 30 décembre 2009 en Afghanistan, sont égrenés tous les soirs sur les écrans de télé. Depuis le début, une discrétion absolue est gardée de la part des autorités et des familles, afin de sauvegarder toutes les chances de libération de nos otages. Noël, avec sa symbolique, et au-delà de toutes les croyances religieuses, est une occasion de rappeler que pour ces 100 jours, « on ne les oublie pas ».
Le 30 septembre, la chaîne Al-Jazira a montré une photo des 7 otages, assis à côté de leurs ravisseurs, accompagnée d’un enregistrement audio des 5 Français comme « preuve de leur vie ». Parmi ces 5 Français, il y a Daniel Larribe, 59 ans, ingénieur expert en techniques minières pour Areva, et son épouse, Françoise, 62 ans ; ils habitent Mialet, près d’Alès dans le Gard et ont deux filles de 30 et 26 ans. Daniel et Françoise Larribe s’occupaient également d¹une ONG (Organisation non gouvernementale) à Arlit pour aider les paysans locaux et les maraîchers. Il y a aussi Thierry Dol, ingénieur de 29 ans pour un sous-traitant d¹Areva, marié, originaire de la Martinique ; Pierre Legrand, 25 ans, originaire de Couffé en Loire-Atlantique, qui est fiancé et travaille pour une filiale de Vinci et Marc Ferret, 43 ans, Français habitant Madagascar, salarié du groupe Vinci au Niger ; Jean-Claude Rakotoarilalao, 60 ans et Alex Kodjo Ahonado, ingénieur zootechnicien et père de 6 enfants. Depuis cette photo et cette bande son, très peu de nouvelles. On a su, mi-novembre, que Françoise Larribe, traitée pour un cancer avant son enlèvement, « a reçu des médicaments », selon une source fiable, même si le ministère des Affaires étrangères n’a pas confirmé l’information, soulignant que « la discrétion est source d¹efficacité dans ce type de dossier ».
Officiellement, les cinq Français ont été enlevés en représailles au projet de loi destiné à interdire le port du voile intégral dans l’espace public français, projet adopté la veille de l¹enlèvement par le Parlement. Dans ses revendications, mi-novembre, le groupe terroriste Aqmi demande son abrogation avant de libérer les otages, et affirme que « chaque négociation devra être effectuée avec Ben Laden et à ses conditions. (Si vous) voulez que vos citoyens qui sont prisonniers chez nous soient sains et saufs, alors vous devez vous dépêcher et retirer vos soldats d’Afghanistan selon un calendrier précis que vous rendrez public ».
La France n’acceptera pas que sa politique soit « dictée à l’extérieur », a répondu la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie ; « la France fait tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les otages, où qu’ils soient, soient libérés sains et saufs ».
Pour l’instant, cent jours après leur enlèvement, il n’existe toujours aucune demande crédible et recevable par la France pour engager des négociations en vue de la libération des otages.