OTAGES MALI : deux géologues français enlevés dans le nord du pays
Deux ressortissants français ont été enlevés dans la nuit de mercredi à jeudi à Hombori, localité située entre Mopti et Gao (nord du Mali), par des hommes armés, a appris l’AFP de sources policière, sécuritaire et municipale maliennes. Sept hommes armés sont venus kidnapper à leur hôtel ces deux Français, des géologues qui travaillaient pour une cimenterie de la région, ont précisé ces sources.
Une source à la mairie de Hombori a précisé que l’enlèvement s’est produit vers 1 heure du matin (2 heures, en France) alors que les deux géologues venaient de faire un compte-rendu de leur journée de travail à leurs collègues maliens. Les hommes armés ont pénétré dans l’hôtel, ont kidnappé les Français avant de les emmener en direction du grand nord malien, selon cette source, des informations confirmées par des sources des services de sécurité et de la police.
Le nord malien abrite plusieurs bases d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d’où cette organisation commet au Mali et dans d’autres pays du Sahel (Niger, Mauritanie et Algérie) des attentats, procède à des enlèvements d’Occidentaux et se livre à divers trafics.
L’enlèvement de ces deux Français porte à six le nombre de ressortissants français retenus au Sahel. Le 16 septembre 2010, sept personnes ont été enlevées par Aqmi dans le nord du Niger à Arlit, site d’extraction d’uranium : un cadre du groupe nucléaire français Areva et son épouse, tous deux Français, et cinq employés (trois Français, un Togolais et un Malgache) de Satom, société sous-traitante d’Areva. Le 24 février, la Française, le Togolais et le Malgache ont été relâchés. Mais les quatre autres Français sont toujours otages.
En échange de leur libération, Aqmi, qui a fait allégeance à Al-Qaïda en 2006, exige le retrait des troupes françaises d’Afghanistan et, selon des sources proches de la médiation qui tente de les faire libérer, une rançon de 90 millions d’euros. En juillet, le président français Nicolas Sarkozy avait annoncé que le retrait français d’Afghanistan commencera « dès cette année et s’étalera jusqu’en 2013 ». Officiellement, la France refuse de payer des rançons.
Un ex-militaire français blessé la veille
L’enlèvement des deux géologues survient au lendemain d’un incident au cours duquel un ancien militaire français, impliqué dans les négociations pour la libération des quatre otages d’Aqmi enlevés à Arlit, a été blessé par balle à l’épaule. Une source proche du dossier de la médiation a indiqué que cet ex-militaire, qui était en charge de la sécurité à Satom, était « une des filières utilisées » par cette société et Areva pour tenter d’obtenir la libération des otages. Il a été évacué vers la France.
Pour tenter de contrer les activités d’Aqmi, les pays les plus touchés (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) ont créé en avril 2010 un Comité d’états-majors conjoint (Cémoc), basé à Tamanrasset (sud de l’Algérie) et disposant d’un centre de renseignement à Alger. Il se réunit tous les six mois, mais n’a, à ce jour, mené aucune opération conjointe transfrontalière.
Lors d’une réunion lundi à Bamako des chefs d’état-major de ces quatre pays, le général Gabriel Poudiougou, chef de l’armée malienne, a insisté sur la nécessité de mener des actions communes contre Aqmi. « Force est de reconnaître que face à un ennemi transnational, bien organisé et disposant de moyens financiers et matériels énormes, il nous faudrait développer davantage nos capacités à mener des opérations conjointes multinationales », a-t-il dit. Plusieurs délégués à cette rencontre ont, sous couvert d’anonymat, mis en cause l’Algérie, où Aqmi a ses racines, pour son manque de coopération. Le retour au Mali et au Niger de milliers de combattants ayant servi l’ex-régime libyen de Mouammar Kadhafi - en grande partie touareg - fortement armés, y compris d’armes lourdes, n’a fait que renforcer l’insécurité déjà grande dans cette région difficile à surveiller et à contrôler.