Gilad Shalit - un an aux mains du Hamas
par Stefanie Sch�ler
Article publi� le 25/06/2007 sur le site de RFI
Un an jour pour jour apr�s son enl�vement, le Hamas a publi� ce lundi un message enregistr�, attribu� au soldat isra�lien Gilad Shalit. Pour obtenir sa lib�ration, le vice-Premier ministre isra�lien Eli Yisha� a appel� pour la premi�re fois � des n�gociations directes avec le Hamas. Une strat�gie, jusqu’� pr�sent, rejet�e par le gouvernement de l’Etat h�breu.
C’�tait le premier signe de vie du caporal Gilad Shalit depuis neuf mois : « Depuis un an que je suis en prison, ma sant� s’est d�t�rior�e et j’ai besoin d’une hospitalisation prolong�e ». Prononc�s en h�breu et probablement �crits par ses ravisseurs, ces propos ont �t� diffus�s, ce lundi, par la branche arm�e du Hamas sur son site internet. Sous l’enregistrement, une l�gende en arabe indique son origine : « Moi le soldat Gilad, fils de Noam Shalit, d�tenu depuis d�j� un an par les Brigades du martyr Ezzedine al-Qassam, je vous transmets, papa, maman, mes fr�res, mes s�urs, mes amis de l’arm�e, le bonjour depuis ma prison et je me languis de vous tous ».
A l’approche du premier anniversaire de l’enl�vement de Gilad Shalit, les pistes sur le sort de l’otage isra�lien s’�taient multipli�es ces derni�res heures.
« Shalit est vivant et en tr�s bonne forme. Son �tat de sant� est bon et stable. Nous le traitons conform�ment aux prescriptions de notre religion sur la mani�re de traiter les prisonniers de guerre », a assur�, lundi matin � Gaza, Abou Moudjahid, porte-parole des Comit�s de r�sistance populaire. Ce groupe est l’un des trois commandos ayant captur� le soldat isra�lien l’ann�e derni�re.
Dimanche soir, une cha�ne de t�l�vision isra�lienne s’�tait avanc�e, disant conna�tre le lieu o� se trouvait Gilad Shalit. Selon Cha�ne 2, le caporal enlev� serait d�tenu au sud de la bande de Gaza, pr�s du camp de r�fugi�s de Chaboura, non loin de la ville de Rafah. La cha�ne d’information, qui d�clare tenir ses informations de source proche du mouvement Hamas, avait m�me pr�cis� les conditions de captivit� : Gilad Shalit serait alors d�tenu dans deux pi�ces souterraines, accessibles uniquement par une �chelle de 15 m�tres. L’otage serait surveill� par deux gardiens avec lesquels il aurait �tabli une relation « cordiale ».
Il y a un an...
Des manifestants en soutien aux trois soldats isra�liens enlev�s se sont rassembl�s dimanche devant la Knesset.(Photo : Reuters) Des manifestants en soutien aux trois soldats isra�liens enlev�s se sont rassembl�s dimanche devant la Knesset. (Photo : Reuters)
Le 25 juin 2006, un commando m�ne une attaque contre un poste militaire isra�lien � la lisi�re de la bande de Gaza. C’est une action v�ritablement spectaculaire : en effet, les activistes palestiniens se sont infiltr�s en territoire isra�lien par un tunnel, creus� auparavant. Lors de l’assaut, deux soldats isra�liens sont tu�s, un troisi�me, Gilad Shalit, 19 ans, captur�. L’attaque est revendiqu�e conjointement par les Brigades Ezzedine al-Qassam (la branche arm�e du Hamas), les Comit�s de la r�sistance populaire et l’Arm�e de l’islam. L’enl�vement de Gilad Shalit constitue alors le point de d�part d’une nouvelle escalade qui plonge le Proche-Orient dans la violence en �t� 2006.
Apr�s l’enl�vement de deux autres soldats isra�liens, Ehoud Goldwasser et Eldad Regev, cette fois par les miliciens chiites, les tensions culminent en juillet 2006 dans la guerre de l’arm�e isra�lienne contre le Hezbollah libanais. Le conflit dure 33 jours, mais il ne permet pas la lib�ration des trois otages isra�liens.
« Garder Shalit en captivit� pendant des ann�es »
Un an apr�s cette prise d’otage, les activistes palestiniens n’ont apparemment rien perdu de leur d�termination. Bien au contraire : « Nous somme d�termin�s � garder Shalit en captivit� pendant des ann�es si l’ennemi sioniste ne satisfait pas nos exigences », a d�clar� ce lundi matin Abou Moudjahid. Et le porte-parole des Comit�s de r�sistance populaire ajoute : « Le soldat Shalit ne sera pas lib�r� tant que nous n’aurons pas vu nos prisonniers lib�r�s et revenus parmi nous ».
Les ravisseurs du corporal isra�lien exigent en effet la lib�ration de quelque 1 400 Palestiniens d�tenus dans des prisons en Isra�l. Le Premier ministre isra�lien, Ehud Olmert, avait rejet� une nouvelle fois cette condition en avril dernier. La diffusion de l’enregistrement ce lundi, attribu� � Gilad Shalit, ne l’a pas fait changer sa position.
Mais la pression sur le chef du gouvernement isra�lien monte de jour en jour. Les voix, demandant la lib�ration des otages quitte � payer le prix de n�gocier avec le Hamas, se font de plus en plus insistantes dans l’opinion publique isra�lienne.
Faut-il n�gocier avec le Hamas ?
Alors que l’Etat h�breu refuse officiellement tout contact avec le mouvement islamiste, qui ne reconna�t pas l’existence d’Isra�l et pr�ne la poursuite de la lutte arm�e, le vice-Premier ministre isra�lien Eli Yisha� a pris les devants : « Il faut examiner la possibilit� d’une n�gociation directe avec le Hamas », a d�clar� M. Yisha� ce lundi.
Cette offensive politique a suscit� des vives r�actions au sein de la classe politique isra�lienne. Uri Ariel, d�put� du parti d’extr�me-droite Union nationale, s’est dit convaincu que « le Hamas n’a l’intention de lib�rer personne. Tout ce qu’il veut c’est �tre reconnu comme un interlocuteur politique l�gitime. Tout ce battage m�diatique n’est destin� qu’� cr�er un �cran de fum�e ».
Ran Cohen, du parti de gauche Meretz, a au contraire appel� le gouvernement � lib�rer des milliers de d�tenus palestiniens.
Dans cette joute oratoire politique, le p�re du corporal enlev�, Noam Shalit, est rest� prudent. « J’esp�re que c’est un signal du Hamas indiquant qu’il est int�ress� � aller de l’avant. Il est clair que c’est un texte qui lui a �t� dict� par les ravisseurs. Cela sent la manipulation, on dirait de la manipulation m�diatique », a-t-il d�clar� � la radio militaire apr�s la diffusion de l’enregistrement de son fils.