OTAGES AFGHANISTAN : « Il y a des fausses libérations et donc des fausses joies » - Une interview de Georges Malbrunot (LE PROGRES)
Que pensez-vous du relatif optimisme du chef d’État-major des armées sur les otages en Afghanistan ?
Il y a trois mois il avait déclaré que les otages seraient libérés avant l’automne. Cette fois-ci, il dit avant l’hiver donc il n’y a pas lieu d’être particulièrement optimiste.
Il y a trois semaines, la direction de France télévisions confiait en privé qu’il pourrait y avoir une libération prochaine.
C’est donc manifestement retardé, sans que l’on sache pourquoi.
Il semble que les otages soient en bonne santé et qu’ils aient bon moral. Y a-t-il une preuve de vie qui a été rapportée et qui permet de le dire ?
Pourquoi s’avancer sur une date ? Est-ce une tactique ?
Peut-être est-ce une tactique, je ne sais pas.
Quand le chef des armées parle, c’est pour être écouté par les Français, par les familles.
Mais dans ce genre d’affaire il faut éviter de donner des dates car cela fait naître des espoirs. Les pouvoirs publics devraient s’en tenir à la communication minimale.
Donner une date est aléatoire et cela ne fait pas avancer les choses.
Pensez-vous que les otages sont au courant de la mobilisation autour d’eux ? Sans doute. Au bout de neuf mois, il doit y avoir un certain dialogue entre eux avec les ravisseurs.
Il n’est pas exclu qu’ils aient eu accès à la radio, à la télévision ou à des journaux. Cela doit les rassurer.
Psychologiquement, comment vit-on une fin de détention ? Quand on vous dit qu’il y a des espoirs de libération, on est très contents.
Mais cela n’arrive pas qu’une fois car dans une prise d’otage, il y a toujours des fausses libérations et donc des fausses joies.
La première fois que l’on vient vous dire que vous êtes libéré et que vous ne l’êtes pas c’est dur. Après vous vous y habituez, et au bout d’un moment vous entendez les promesses avec sang-froid.
Tant que l’on ne vous a pas dit que vous serez libéré le lendemain et qu’une preuve de vie n’a pas été faite, il faut rester prudent... Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier vont être libérés mais le temps des otages n’est pas le temps de tout le monde.
Recueilli à Paris par Nathalie Mauret