PIRATERIE/PRISE d’OTAGES : La résolution de l’ONU sur la lutte contre la piraterie va changer les choses ? Par Gilles Corlobé Publié le 4 juin 2008, dernière mise à jour le 4 juin 2008.
Jusqu’à présent, la coalition navale (CTF-150) qui se trouve dans la région a rarement pu intercepter un navire attaqué avant qu’il n’atteigne les eaux territoriales somaliennes. Cela a été à la fois un avantage et un inconvénient pour la lutte contre la piraterie. Table des matières
* La réorganisation des moyens militaires * La question des règles d’engagement * Jusqu’à quel point les états sont-ils sérieux ?
L’avantage a été que les forces navales internationales n’ont pas eu à prendre de décisions difficiles dans des situations de prise d’otages.
L’inconvénient a été que, dans certains cas, ils n’ont pas pu attaquer des cibles lorsque l’opportunité se présentait, une difficulté qui a disparu avec la nouvelle résolution de l’ONU. La réorganisation des moyens militaires Retour à la table des matières
La première chose qui va être intéressante à suivre va être l’évolution de la structure des moyens militaires sur place. Actuellement, les bâtiments de la CTF-150 ne dépendent pas de l’ONU. D’un autre côté, d’autres pays, dont la Russie, ont exprimé leur intention / souhait / volonté d’envoyer des bâtiments au large de la Somalie pour participer à la lutte contre la piraterie. La question des règles d’engagement Retour à la table des matières
Cela soulève un certain nombre de questions, dont la plus importante est peut-être de savoir qui (quelle marine) va intervenir en cas d’attaque : la marine du pays du pavillon, de la nationalité des otages ? Par nature, les forces navales sur place devront réagir à la situation et à ses évolutions. Ce qui pose par conséquent la question des règles d’engagement : qui va donner l’ordre ou l’autorisation d’attaquer ?
Dans la plupart des cas, il est probable que l’ordre ou l’autorisation, en raison des délais de transmission et de décision, mette un certain temps pour arriver après la demande. On parle toute de même d’une région située à plusieurs milliers de km de la France et de la plupart des centres de décision des marines participant à la CTF-150, avec tous les problèmes que peut poser le décalage horaire. Cela veut dire que, souvent, pendant cette attente, la situation aura évolué et que l’action pourrait alors mettre en danger la vie des otages. Jusqu’à quel point les états sont-ils sérieux ? Retour à la table des matières
Le Canada, quelques heures après avoir pris le commandement de la CTF-150, vient d’annoncer avoir empêché une attaque de pirates. Cette nouvelle cache cependant un élément inquiétant : les Canadiens ont choisi une approche passive, sans tirer un seul coup de feu.
La CTF-150, qui a de nombreuses missions, ne passe pas (et ne passera pas) la majeure partie de son temps à lutter contre la piraterie. La piraterie ne représente même qu’une menace d’importance bien moindre que le terrorisme ou les différents trafics. La question qui se pose est donc de savoir si les états, à commencer par les Etats-Unis et la France, les 2 parrains de la résolution adoptée en début de semaine, prendront des mesures volontaristes pour transformer cette volonté politique en actes. Ce qui revient à dire : ces états vont-ils envoyer des navires supplémentaires dans la région ? Vont-ils organiser des convois de navires de commerce ?
La Russie et certains autres états ont déjà annoncé leur intention d’envoyer des navires dans la région. Mais finalement, cela représente peu de choses quand on les compare avec l’importance du trafic maritime qui transite dans la région.
Finalement, il ne faut pas oublier la Chine et l’Inde. Le scénario somalien est exactement celui utilisé par le commandement de la marine indienne pour expliquer le besoin d’une force navale forte. L’Inde a exprimé depuis longtemps son désir de mener en temps que puissance régionale, de travailler dans le cadre d’une coopération internationale pour des événements qui auraient lieu en océan Indien. C’est l’un de ces moments qui pourrait montrer leur apparition. Soit l’Inde va saisir l’opportunité de devenir le ciment des forces internationales opérant de le cadre du mandat de l’ONU et se mettre en avant, soit elle va être un joueur de second ordre, nous rappelant qu’ils ne sont pas encore arrivés là où ils voudraient l’être.
Et si l’Inde ne se met pas en avant, ne soyez pas surpris si la Chine saisit l’opportunité.