OTAGE LYBIE : Max Göldi espère vivre ses derniers jours d’otage à Tripoli
Valérie de Graffenried
Le Bernois pourrait sortir de prison le 12 ou le 22 juin. Mais pourra-t-il pour autant rapidement quitter la Libye ? La Suisse serait prête à réactiver la création d’un tribunal arbitral une fois l’otage de retour sur sol suisse.
Pour passer le temps dans sa cellule libyenne, Max Göldi remplit des grilles de sudoku. Condamné le 22 février à quatre mois de prison pour « séjour illégal », sa peine devrait officiellement prendre fin le 22 juin. Mais son avocat libyen, Salah Zahaf, a récemment parlé du 12 juin : ses dix premiers jours de détention effectués en juillet 2008, peu après l’arrestation musclée d’Hannibal Kadhafi à Genève, seraient retranchés de sa peine. D’autres sources libyennes évoquent également cette date.
L’otage retenu depuis 687 jours en Libye est-il vraiment au bout de son calvaire ? Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) préfère rester prudent, la crise entre Berne et Tripoli ayant connu de nombreux rebondissements de dernière minute. Une fois sorti de prison, Max Göldi devra d’ailleurs faire face à un autre obstacle : il devra encore obtenir un visa de sortie des autorités libyennes pour pouvoir quitter le pays.
C’est un point sensible, qui a logiquement fait l’objet de discussions entre les deux pays. Selon nos informations, la Suisse accepterait de réactiver la création d’un tribunal arbitral indépendant une fois Max Göldi de retour en Suisse. Ce tribunal sera chargé de faire la lumière sur les circonstances de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi. La présidence de l’UE et l’Allemagne sont par ailleurs, malgré la fin de la « guerre des visas » qui a impliqué l’Europe dans la crise, toujours présentes comme médiateurs, nous assure-t-on.
En attendant, Max Göldi ronge son frein. L’homme est plutôt calme, patient et discipliné, dit-on : « C’est l’image du Suisse allemand stoïque, pragmatique et réaliste. » Une sorte d’otage modèle, qui s’est plié sans broncher à la pénible mise en scène libyenne lorsque Hannibal Kadhafi, lunettes noires, cheveux lisses et veston clair, est venu lui rendre visite en prison. Ce jour-là, il a pu téléphoner à sa mère qui fêtait ses 80 ans.
Lorsque les autorités de la prison l’ont transféré dans sa cellule sans eau chaude ni fenêtre, le Bernois a connu des moments de déprime. Il a depuis un peu remonté la pente. « Le plus dur, pour lui, c’est de ne pas savoir quand ça va s’arrêter », confie une connaissance. Les visites presque quotidiennes - sauf le vendredi, jour férié - du chargé d’affaires suisse à Tripoli et les lettres de sa famille sont là pour lui remonter le moral.