PIRATERIE MARITIME : 2011, année record pour les rançons récoltées par les pirates
BRUXELLES - L’année 2011 va battre tous les records pour les rançons récoltées par les pirates somaliens, qui réclament des sommes toujours plus élevées alors que le nombre d’attaques réussies recule, a indiqué mercredi le chef adjoint de l’opération anti-piraterie de l’UE.
"On bat cette année tous les records de rançon. Les pirates ont récolté 135 millions de dollars en 2011 - et l’année n’est pas terminée - contre 80 millions l’année dernière", a annoncé le contre-amiral Christian Canova dans un entretien au site Bruxelles2, spécialisé dans la politique étrangère et la défense européenne.
Ce bond est lié à la "montée exponentielle du montant des rançons par bateau". Les pirates obtenaient 600.000 dollars en moyenne par bateau en 2007, 3 millions en 2010, 4,6 millions en 2011 "et les dernières rançons versées se montent à 6 millions", précise-t-il.
"Le nombre de bateaux n’intéresse pas automatiquement les pirates. C ?est le montant obtenu en les monnayant. On est ici dans un phénomène de gestion de stock assez classique avec des négociations qui s ?accélèrent à chaque période", souligne le contre-amiral Canova, qui quittera prochainement ses fonctions de numéro 2 de l’opération Atalante lancée fin 2008 par l’Union européenne.
Grâce en partie à la présence de la force militaire internationale, le nombre de navires marchands retenus par les pirates "n’a jamais été aussi bas" avec "8 bateaux et 200 otages" contre 30 bateaux il y a un an. Même si le nombre d’attaques a augmenté d ?environ 15% sur un an, "elles ne sont pas autant suivies de succès" : seule 1 sur 14 a réussi contre 1 sur 4 il y a un an, selon lui.
Pour M. Canova, "il faut arrêter avec l ?image d ?Epinal du pauvre Somalien qui devient pirate (...) La piraterie, aujourd’hui, c ?est surtout une PME du crime, avec des groupes constitués qui ont un but : l’argent".
Cet argent "va dans les diasporas. Il est aussi recyclé de façon régionale, en Somalie, dans les Emirats (pour acheter les moteurs ou l’essence), à Djibouti...", indique-t-il.
(AFP)