OTAGES YEMEN : Qui étaient les deux otages tués au Yémen lors d’une tentative de libération ?
Pierre Korkie et Luke Somers sont les deux otages d’Al-Qaïda tués au Yemen lors d’une opération visant à les libérer. Le Sud-africain et l’Américain étaient avant tout motivés par l’envier d’aider les "personnes ordinaires"
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Les destins de Pierre Korkie et Luke Somers auraient pu se croiser avant que les deux hommes ne deviennent otages d’Al-Qaïda. Le Sud-africain et l’Américain, tués lors d’une opération visant à les délivrer le 6 décembre, ont pourtant un parcours bien différent. Mais c’est motivé par l’envie d’enseigner, qu’ils se sont rendus au Yémen pour aider les "personnes ordinaires" à leur manière.
Pierre Korkie, gentleman chrétien afrikaners
Pierre Korkie, sud-africain et otage depuis mai 2013, était avant tout un enseignant de 56 ans, incarnant la communauté des fermiers afrikaners blancs d’Afrique du Sud.
Professeur de sport et de biologie dans l’un des meilleurs lycées de garçons du pays, il n’hésitait pas à parler à ses étudiants de la culture des légumes ou de l’élevage des moutons. Des connaissances apprises lors des cours de sciences agricoles qu’il a suivis à l’université. Loin des bancs estudiantins, sa famille le présente comme un "chrétien engagé qui servait les pauvres d’un coeur heureux, où qu’il aille".
C’est peut-être ce qu’il l’a poussé à partir, en 2009, avec une association caritative au Yémen pour dispenser ses cours. Sa femme l’accompagne, elle est enlevée en même temps que lui, mais libérée au bout de 7 mois.
Le physique de grand de Pierre Korkie n’en fait pas quelqu’un d’imposant. Il laisse l’image d’un "vrai gentleman, très calme, qui imposait le respect sans le demander, très ordonné", se souvient Ryk Neethling, champion olympique de natation et ancien élève de Pierre Korkie. Avec l’âge, le professeur était devenu fragile et handicapé par une surdité avancée. Mais ses élèves parlent d’un homme qui prenait le temps de les écouter et de discuter.
Luke Somers, journaliste des Yéménites ordinaires
Luke Somers aussi, aimait accorder du temps aux personnes qu’il croisait. Ce journaliste américain de 33 ans, né au Royaume-Uni, voulait raconter les histoires de Yéménites ordinaires. "C’est tellement important pour les gens ici de savoir que leurs histoires sont entendues et vues" expliquait-il.
Photographe freelance pour la BBC, éditeur pour le journal locale Yemen Times, c’est pourtant pour enseigner qu’il se décide à rejoindre le pays. Il est finalement enlevé en septembre 2013. D’autant plus cruel, qu’il comptait partir en août 2013, lassé par "l’odeur de la mort" qu’il conservait après avoir fini son travail.
"Garçon discret" selon Tik Root, journaliste freelance au Yemen, ses clichés n’avaient rien de discret, selon lui. Les photos de Luke Somers montrent qu’il n’avait pas peur d’aller au plus près de l’action, saisissant parfois des images crues de victimes des manifestations violentes au Yémen.
"Luke n’a jamais reculé devant les lignes de front. Il a passé des heures interminables à montrer les révolutionnaires de la Place du Changement à Sanaa et a pris en photo aussi bien l’ancien président du Yémen que des enfants frappés par la malnutrition", décrit Tik Root.