OTAGES SOMALIE : La Russie relâche des pirates et réclame une meilleure législation
MOSCOU - La Russie a annoncé vendredi avoir relâché les pirates somaliens capturés la veille dans l’assaut par un de ses navires d’un pétrolier détourné dans le Golfe d’Aden, et réclamé à nouveau une législation internationale plus adaptée en matière de piraterie.
Contactée par l’AFP, une porte-parole du ministère de la Défense a confirmé la libération des pirates, mais s’est refusée à fournir davantage de précisions.
Leur libération vendredi "est liée aux imperfections de la législation internationale" ne permettant pas de les retenir, a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense, Alexeï Kouznetsov, cité par l’agence Interfax.
Les autorités russes avaient dans un premier temps indiqué jeudi vouloir emmener les 10 pirates en Russie pour les juger, avant de revenir sur cette déclaration peu après.
Le navire de guerre Maréchal Chapochnikov avait pris d’assaut dans la nuit de mercredi à jeudi le pétrolier russe Université de Moscou, détourné quelques heures plus tôt au large de l’île yéménite de Socotra tandis qu’il était en route pour la Chine.
Dix pirates avaient été fait prisonniers et un autre avait été tué, ont indiqué les autorités russes.
L’équipage du pétrolier, demeuré enfermé à l’abri depuis l’abordage des pirates mercredi matin, est sorti sain et sauf. Il a reçu vendredi les félicitations du Premier ministre Vladimir Poutine à Novorossiïsk (sud-ouest) pour son "courage" et son "professionnalisme".
Selon le quotidien Kommersant paru vendredi, la décision des autorités de ne pas transférer les pirates en Russie est liée à leur statut juridique incertain.
Le journal écrit que les détenus ont affirmé avoir été eux-mêmes pris en otages par de véritables pirates, qui les ont contraints à attaquer le pétrolier et qui ont pris la fuite avant l’assaut russe.
Jeudi, le président russe Dmitri Medvedev avait déjà appelé à la "création d’une base juridique internationale de lutte contre la piraterie".
L’ambassadeur de Russie auprès de l’Otan, Dmitri Rogozine, a déclaré vendredi à Interfax qu’il entendait évoquer la création d’une "base légale unifiée de lutte contre la piraterie" à la prochaine réunion du conseil Otan-Russie, prévue le 19 mai.
Mais le ministre de la Justice Alexandre Konovalov a jugé vendredi que la question de la création d’un tribunal international consacré à la piraterie paraissait "assez problématique" et que les Etats-Unis notamment s’étaient opposés à une initiative russe en ce sens l’an dernier, écrit Interfax.
(©AFP / 07 mai 2010 14h22)