Depuis quand, dans une démocratie, on n’a plus le droit de s’exprimer ?
Attention ça déménage ! Le Nombre est un groupe de rock garage québécois. Ses musiciens considérés par les critiques spécialisées comme de véritables bêtes de scène, débarquent en Bretagne pour mettre le feu, rien que ça. Groupe le plus diffusé aux Etats-Unis notamment sur la radio libre WFMU, Le Nombre a reçu le prix du meilleur album francophone au Canada, lors des Music Awards équivalent des Victoires de la Musique en France. Après une coupure de trois années, le groupe nous revient enthousiasmé à l’idée de jouer à Bobital. C’est avec clairvoyance et aussi par son expérience dans le milieu de la solidarité internationale que le chanteur, Jean-Philippe "Dynamite" Roy, s’exprime sur la situation des otages.
ODM : Que pensez-vous des otages que l’on peut recenser dans le monde ?
Le Nombre : C’est un sujet d’actualité mais qui existe depuis longtemps. Il y la Colombie, l’Afrique comme au Niger et aussi Guantanamo. Il faut les libérer ! En Colombie, Uribe vient de se faire réélire et c’est malheureusement parti pour une longue attente. La droite au pouvoir, les milices d’extrême droite qui terrorisent la population, c’est dur. On l’a vu au Chili avec l’élection d’un gouvernement socialiste, ça correspond à un évolution des pensées. Pourquoi pas en Colombie ? Tout est lié, le trafic d’armes, les otages bien sûr, les relations extérieures avec des pays comme les Etats-Unis... Un chose est sûre, les gouvernements de gauche en Amérique Latine dérangent les Etats-Unis. J’ai travaillé pendant 3 ans au Niger, pour une ONG et les prises d’otages y sont fréquentes. Sans rentrer dans le détail, avec Otages du Monde, vous avez un réel pouvoir de dénonciation. Ça me rappelle l’arrivée de Kofi Annan , accueilli au Niger comme un roi par le président alors que le pays vivait une terrible famine. Médecins sans Frontières était présent à l’aéroport pour lui demander d’agir rapidement en faveur des victimes. Plus de 30 000 morts quand même... Ça c’est votre rôle de dénoncer et d’alerter l’opinion publique sur des sujets étouffés par les gouvernements. En Colombie, les organes d’opinions sont contrôlés. Au Niger c’est pareil et dans combien d’autres pays ? De cette expérience, j’en sors découragé. Mes amis collègues de l’époque finissaient en prison. C’est le cas notamment de Monsieur Tchangani, président d’Alternative Citoyenne au Niger qui est resté 3 mois en prison. On peut parler de séquestration puisqu’il n’y avait pas de réel motif pour sa condamnation. Sa revue dérangeait le pouvoir en place, ils l’ont mis au cachot. Sans notre aide, il serait resté bien plus longtemps. Alors tous ces pays, où il se pratique des prises d’otages quotidiennement se revendiquent des démocraties. Depuis quand, dans une démocratie, on n’a plus le droit de s’exprimer ?