OTAGES NIGER : Le t�moignage du cur� d’Arlit au Niger, le P�re Chenu connaissait trois des sept otages : « Des gens ouverts, familiers de l’Afrique »
Comme tous les Fran�ais de cette r�gion sensible du nord du Niger, le P�re Antoine Chenu vient d’�tre �vacu� vers la capitale Niamey, en d�pit de ses 70 ans dont trente-cinq pass�s au Niger. � Arlit, la ville o� cinq Fran�ais et deux Africains ont �t� enlev�s jeudi 16 septembre, il �tait responsable depuis quatre ans de la mission catholique. Il connaissait trois des otages et livre son t�moignage � Famille Chr�tienne.
Vous faites partie des Fran�ais qui ont d� quitter le secteur d’Arlit ?
Oui, � Arlit, des paroissiens s��tonnaient de me voir rentrer car je suis de la mission catholique, je ne travaille pas dans une grosse soci�t�. Mais l’�v�que de Niamey, Mgr Cartat�guy, a �t� appel� par l’ambassade et m’a transmis l’ordre pour tous les Fran�ais de rejoindre Niamey.
Avant les enl�vements, avait-on des inqui�tudes particuli�res � Arlit ?
Pas vraiment, car la population nig�rienne n’est pas touch�e par ces menaces. En revanche les expatri�s, les personnels de la mine avaient re�u des consignes de prudence ; ils ne devaient pas circuler la nuit. Le d�part de ces expatri�s est un s�rieux choc pour la ville d’Arlit, parce qu’un gros chantier est suspendu, faisant quatre cents ch�meurs d’un coup.
Et vous-m�me, aviez-vous pris des pr�cautions particuli�res ?
Non. La porte de la mission est toujours ouverte. Je suis rest� tranquillement dans ma mission en faisant attention � ne pas sortir la nuit, mais ma porte est toujours rest�e ouverte. Hier, un malade est venu, je m’en suis occup�, je suis all� lui chercher des m�dicaments. Huit jours avant les enl�vements, nous avons distribu� du grain � quatre cents personnes dans la cour de la mission. Il y avait des malades, des sid�ens, des l�preux ou tout simplement des pauvres gens qui �taient venus chercher leur sac de mil.
Connaissiez-vous certains des otages ?
Oui. Je connaissais tr�s bien Daniel et Fran�oise [Larribe], deux des employ�s fran�ais. Ils formaient un couple de protestants de la vieille �cole, tr�s ouverts et tr�s proches des gens. Ils aimaient se promener � pied en ville, parler avec les artisans, les forgerons. Ils allaient volontiers aider les enfants dans les �coles. Ils �taient familiers de l’Afrique, avaient v�cu ici plusieurs ann�es avant d’aller deux ans en Namibie. Ils venaient tout juste de rentrer de France depuis trois mois. Je connaissais bien le Malgache aussi, Jean-Claude [Rakotoarilalao], qui �tait un de mes paroissiens. Il est arriv� il y a deux mois, pour une mission de trois mois. La semaine derni�re, il �tait venu prendre quelques photos souvenirs � montrer � Madagascar.
� votre avis, qui sont leurs ravisseurs ?
Ici, tout le monde pense que ceux qui les ont attaqu�s ne sont ni des rebelles touaregs, ni des gens de la r�gion. C’est le monde d’Al Qaida, des fanatiques qui viennent du sud de l’Alg�rie ou de la Mauritanie. Je prie tr�s fort pour les otages, car ce qui leur est arriv� est grave et nous sommes inquiets. Jean-Claude B�sida