FORMATION / PREPARATION AU DEPART : Des �tudiants lyonnais form�s � subir une prise d’otages
Un mois de d�tention au Sahel pour les sept otages de l’entreprise d’Areva. L’affaire a fait le tour du monde. Et si un jour, c’�tait leur tour ? Et s’ils se retrouvaient eux aussi les yeux band�s � genoux devant des hommes arm�s ? � l’�cole lyonnaise 3A sp�cialis�e en commerce international, on sait que ce genre d’�v�nement n’arrive pas qu’aux autres. Des anciens �tudiants, envoy�s au bout du monde, ont �t� pris en otages un jour au d�tour d’un chemin.
« Nous avons eu cette ann�e un gar�on de 26 ans travaillant pour une ONG (organisation non-gouvernementale) retenu pendant 103 jours au Darfour. Une de nos anciennes �tudiantes a �galement �t� enlev�e en Am�rique Latine », d�taille Jacques Gallois, le directeur. D�s 1995, l’�cole 3A a eu quatre �tudiants stagiaires pris en otage au Cambodge. Et pour 2010, d�j� trois cas. Une escalade inqui�tante. � mesure que les entreprises prospectent des march�s � l’international, quitte � p�n�trer des pays troubl�s, les risques encourus par les salari�s se d�veloppent. Jacques Gallois a voulu pr�parer ses �tudiants, � mieux g�rer les « situations d�licates ». « La France est en retard par rapport aux entreprises anglo-saxonnes qui forment leurs cadres avec des soci�t�s sp�cialis�es ». Depuis trois ans, son �cole qui accueille 550 �tudiants � Lyon et 400 � Dakar, organise des s�minaires de trois jours encadr�s par des... ex-membres du GIGN et de la DGSE. Des mini-stages commandos propos�s aux volontaires. « Parachut�s » dans un camp � Compi�gne, les �tudiants sont plac�s en situation r�elle : prise d’otages avec s�questration dans une cave, les mains li�es et la t�te encagoul�e. Corinne, 46 ans, charg�e du p�le de formation, a suivi ce s�minaire : « Je voulais avoir une grille de lecture, conna�tre les r�flexes, les postures � adopter en cas d’agression physique ou verbale. C’est un stage tr�s �prouvant psychologiquement. J’y ai touch� du doigt mes faiblesses, j’ai vu jusqu’o� on peut puiser. » Tous ne r�sistent pas � ce sc�nario choc. Crises de larmes, crises d’angoisse... chacun r�agit diff�remment. « C’est tr�s stressant m�me si on sait que c’est faux », commente Anne-Maryse, une �tudiante de 21 ans qui a appr�ci� aussi les cours th�oriques. Apprendre � affronter la mort, � d�samorcer les conflits, pratiquer la d�sescalade verbale... Autant de conseils pr�cieux pour tous ces jeunes qui leur serviront aussi, tout au long de leur carri�re dans le monde de l’entreprise. « On n’est pas des petits soldats de l’humanitaire et ce n’est pas une solution miracle, pr�cise Anne-Maryse, mais au moins, on conna�t les gestes � �viter ».
Annie Demontfaucon
« La France � la tra�ne par rapport aux Anglo-Saxons » Une dizaine d’enl�vements de Fran�ais en 2005, soixante en 2008. La France serait le deuxi�me pays mondial � subir des enl�vements de ses ressortissants apr�s la Chine. On comprend qu’avec de tels chiffres, les soci�t�s de s�curit� prosp�rent dans les pays � risques. Les s�minaires de l’�cole 3A sont assur�s par la soci�t� Gallice Security fond�e en 2007 par des anciens du GIGN et de la DGSE. « � cause de la crise, les entreprises deviennent plus hardies et doivent aller chercher des contrats dans des zones difficiles », explique un des dirigeants de Gallice, Gilles Sacaze, ancien cadre du service action de la DGSE. Gallice intervient notamment en appui op�rationnel sur l’Afrique (conseils sur la s�curit� d’�tat dans la lutte antiterrorisme) et sur l’Irak o� la soci�t� fournit des escortes arm�es pour des entreprises. Mais les Anglo-Saxons ont occup� le terrain bien avant les Fran�ais. Gallice Security s’emploie justement � rattraper ce retard : « Quand on a affaire � des march�s strat�giques comme l’�nergie ou la d�fense, c’est grave pour la confidentialit� que ce soit des Anglo-Saxons qui s�curisent des entreprises fran�aises. » Reste que le budget consacr� � la s�curit� est encore bien embryonnaire chez nous...
A.D.